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Aide-soignante à Genève : quelles portes d’entrée pour accéder à l’emploi ?

 

L’objectif de ce bon à savoir est de présenter le métier d’aide-soignante à Genève et les différentes voies d’accès possibles. Il s’adresse prioritairement aux personnes qui envisagent de s’orienter dans ce domaine, qu’elles aient déjà ou non une expérience ou une première qualification dans les soins.

Nous donnerons tout d’abord un aperçu du métier, des différentes qualifications possibles, et des perspectives d’emploi. Nous envisagerons ensuite des pistes pour préparer et valider son projet professionnel. Enfin, nous évoquerons différentes portes d’entrée possibles pour se former et se qualifier, avant de présenter un exemple de parcours.

Comment se représenter le métier d’aide-soignante à Genève ?

Dans les offres d’emploi, on trouve différents intitulés de postes pour ce métier, certains correspondant à l’intitulé d’un diplôme ou d’un certificat, d’autres non. Voici ce que nous avons pu recenser :

–       « ASA » ou « Aide en Soins et Accompagnement » (intitulé de l’AFP [1])

–       « Aide-soignante qualifiée », qui suppose d’être « qualifiée » en tant qu’ASA, donc également titulaire de l’AFP.

–       « Aide-soignante non qualifiée » : l’AFP ASA n’est pas exigée, mais un certificat d’Auxiliaire de santé est un prérequis minimum.

–       « Auxiliaire de santé » : Les personnes qui ont obtenu un certificat d’Auxiliaire de santé peuvent postuler.

–       « Auxiliaire d’accompagnement » : s’adresse aux personnes qui ont obtenu auprès de la FEGEMS[2] le certificat Auxiliaire d’accompagnement spécialisé·e en soins en EMS.

Il existe donc pour ce métier d’aide-soignante plusieurs types de qualification dont les voies d’accès seront abordées en 3e partie.

Entre une personne titulaire d’une AFP ASA et une Auxiliaire de santé ou une Auxiliaire d’accompagnement, il pourra y avoir, selon les établissements, une différence de rémunération et une différence de responsabilités, mais les tâches et le rôle restent globalement les mêmes. Ainsi, pour la présentation du métier, nous utilisons le terme générique d’aide-soignante, quelle que soit la qualification de la personne.

L’aide-soignante travaille sous la responsabilité d’une infirmière ou d’une ASSC[3], elle doit donc appliquer les consignes reçues ; elle fait partie d’une équipe pluridisciplinaire au sein de laquelle elle transmet les informations pour assurer la continuité des soins. Son rôle est notamment d’accompagner les personnes dans les actes et les situations de la vie quotidienne (repas, toilettes, soins élémentaires), de participer à leur bien-être, de veiller à leur sécurité, de prendre soin de leur environnement, de participer également à l’accompagnement des familles. Au quotidien, elle réalise entre autres les soins d’hygiène corporelle, pour les femmes et pour les hommes, accompagne la prise des repas, participe à l’entretien des chambres, communique au sein de l’équipe pluridisciplinaire, …etc.

Voici ce que les professionnelles nomment comme qualités ou savoir-être attendus, exigences  que l’on retrouve par ailleurs dans les offres d’emploi : la condition et la résistance physique, l’empathie, le sens de l’écoute (des patientes ou des résidentes, et également des supérieures), le sens du respect, la patience, la discrétion, la rigueur, la capacité d’observer et d’analyser une situation, de transmettre des informations, une résistance psychologique et la capacité à gérer ses émotions pour faire face aux situations difficiles (agressivité, accompagnement de fin de vie, décès,…). Il est également important d’avoir une bonne capacité d’adaptation et une disponibilité pour travailler avec des plannings qui changent, et des horaires irréguliers, y compris sur des jours fériés ou le week-end.

Quelles sont les perspectives d’emploi à Genève ? 

Il faut tout d’abord savoir que de nombreux départs en retraite sont prévus d’ici 2030. Les aides-soignantes sont employables dans différents types de structure, avec des spécificités selon leur qualification. Ainsi, en 2024, les Hôpitaux Universitaires Genevois (HUG) employaient près de 1000 aides-soignantes ASA, la condition étant d’être diplômée de l’AFP. Un poste aux HUG n’est donc pas accessible directement pour une Auxiliaire de santé, contrairement aux EMS qui recrutent à la fois des aides-soignantes qualifiées, et des aides-soignantes non qualifiées, la formation minimum requise pour les EMS étant celle d’Auxiliaire de santé. Enfin, les aides-soignantes peuvent travailler dans les structures d’aide à domicile, notamment à l’IMAD.

Pour commencer à travailler en tant qu’aide-soignante, une des portes d’entrées intéressante, est celle des agences de placement : Les professionnelles citent notamment Adecco, OK Job, Medicalis, One Placement, mais aussi Permed Spitex et Key Placement spécifiquement pour les soins à domicile.

Quelles sont les perspectives d’évolution professionnelle pour une aide-soignante ?

Une aide-soignante peut se former ensuite pour obtenir le CFC ASSC; à ce nouveau poste, elle pourra alors pratiquer des actes médico-techniques, sous délégation d’une infirmière. En outre, l’obtention d’un CFC lui ouvrira ensuite la porte pour accéder éventuellement à une École Supérieure afin de se former par exemple en tant que Technicienne en Salle d’opération, ou encore Technicienne en Analyse Biomédicales, deux métiers de la santé en pénurie de personnel.

Préparer et valider son projet professionnel avant de se lancer dans une formation ou dans une recherche d’emploi

Dans la mesure où la flexibilité sur les horaires et les jours de travail sont des exigences pour ce métier, il est essentiel de commencer par réfléchir à sa disponibilité et à sa marge de manœuvre en termes d’organisation personnelle et familiale.

Une autre condition très importante est celle du niveau de français : avoir un niveau minimum B1 oral est indispensable, et un niveau minimum B1 écrit fortement conseillé[4]. Nous recommandons donc de commencer par tester son niveau en français, en obtenant une attestation écrite, et d’envisager de prendre des cours de français dans le cas où le B1 écrit n’est pas acquis. Dans les profils définis sur les offres d’emploi, on peut trouver également l’exigence d’être à l’aise en informatique ; ceci est important pour être en capacité de réaliser les transmissions d’informations en français au sein de l’équipe et documenter le dossier de la personne patiente ou résidente. Une remise à niveau sur les bases en informatique est donc conseillée.

Il convient par ailleurs de s’assurer d’avoir une juste représentation du métier (des tâches au quotidien, de l’environnement de travail, des contraintes, etc.) Pour cela, nous préconisons dans un premier temps de réaliser un ou plusieurs entretiens d’information[5]. Après cela, il est recommandé de faire un stage de découverte (d’une semaine à 10 jours) dans un EMS, ou aux HUG, ces structures ayant l’habitude d’accueillir des stagiaires[6]. Ces démarches nourriront la réflexion sur le projet professionnel, la motivation, et seront autant d’atouts dans une recherche de financement pour un projet de formation, une recherche d’apprentissage ou une recherche de stage pratique dans le cadre d’une formation.

Pour finir, nous conseillons de manière générale de bien se renseigner au préalable sur les métiers et les formations (cf. sources d’informations ci-dessous). Avoir une bonne connaissance du métier permet d’être capable d’argumenter sa motivation, et d’avoir une bonne compréhension des différentes possibilités de formations et de qualifications pour pouvoir choisir et s’orienter vers la voie la plus adaptée à sa situation et à ses contraintes.

Quelle porte d’entrée pour être employable en tant qu’aide-soignante ?

La porte d’entrée dépend de son expérience et de ses qualifications dans le domaine. Nous avons identifié 3 cas de figures, selon que la personne a ou non de l’expérience dans le domaine des soins en Suisse ou dans un autre pays, et selon qu’elle a éventuellement déjà un diplôme étranger.

 

1er cas : La personne n’a pas ou peu d’expérience ni de qualification spécifiquement dans le domaine des soins. Il faut savoir qu’une condition pour être employable à Genève dans les soins est tout d’abord d’avoir un premier niveau de formation.

En termes de formation, la première option possible est de faire un apprentissage en 2 ans pour préparer l’AFP ASA Aide en Soins et Accompagnement ; on parle alors de formation duale, ce qui suppose que l’apprentie alterne entre son apprentissage en structure (3 à 4 jours par semaine) et des cours théoriques financés par l’Etat au Centre de Formation Professionnelle Santé (CFPS) (1 à 2 jours par semaine). La condition est de trouver un employeur qui signe un contrat d’apprentissage. Il n’y a pas de limite légale d’âge pour cela, mais la limite peut être en termes de condition physique. L’apprentissage est plutôt perçu comme une voie réaliste pour des personnes de moins de 30 ans[7].

Pour les personnes inscrites à l’Hospice Général ayant 3 ans d’expérience antérieure (pas spécifiquement dans les soins), elles peuvent bénéficier du dispositif INASA[8] qui permet également de préparer l’AFP ASA en 24 mois en formation duale (60% du temps en structure, 40% en cours à l’ORTRA santé social).

Si ces deux premières possibilités ne sont pas envisageables, il est alors possible de se former en tant qu’Auxiliaire de santé à la Croix-Rouge de Genève, ou en tant qu’Auxiliaire d’Accompagnement avec la FEGEMS. A la Croix-Rouge, la formation comprend 123h de cours théoriques, et 4 semaines de stage à temps complet. Le coût de cette formation peut être financé avec 1, 2 ou 3 Chèques Annuels de formation, complétés par un financement personnel selon les moyens de la personne, et éventuellement par des demandes de fonds auprès de fondations privées[9].

D’autres formations Auxiliaire de santé sont reconnues par les professionnelles à Genève ; à notre connaissance, il y a celles de l’École de Santé de Suisse Romande (ESSR) et de l’Association Suisse Profession Paramédicale en Suisse Romand (AGPP). Nous attirons l’attention sur le fait que certaines formations proposées à Genève pour ce métier ne sont pas reconnues (le label Eduqua n’étant pas toujours une garantie de reconnaissance par les professionnelles). Il est donc important de bien s’informer avant de s’engager.

La formation Auxiliaire d’accompagnement spécialisé·e en soins proposée par la FEGEMS est une alternative à Auxiliaire de santé. Cette formation a été initialement conçue en partenariat avec l’Hospice général et l’Office cantonal de l’emploi. C’est un programme en alternance sur 6 mois avec des contenus théoriques et des expériences pratiques en EMS, avec une spécialisation au choix, dans les soins ou dans l’hôtellerie – intendance. Du point de vue des EMS, les Auxiliaires d’accompagnement ont l’avantage d’avoir suivi une formation spécifique à l’accompagnement de personnes âgées et ont acquis une connaissance des métiers et des tâches respectives en EMS.

2ème cas : La personne est titulaire d’un diplôme étranger dans le domaine des soins

De manière générale en Suisse, c’est le SEFRI[10] qui est le premier interlocuteur pour la reconnaissance des diplômes étrangers ; il peut éventuellement réorienter vers d’autres autorités compétentes, notamment la Croix-Rouge pour les professions de santé. Mais pour l’AFP ASA, c’est bien le SEFRI qui est compétent et qui peut délivrer une attestation de niveau selon la situation. Cette procédure a un coût et les délais de traitement peuvent être entre 4 et 6 mois.

Pour un diplôme étranger qui correspondrait au métier d’aide-soignante, il est aussi possible dans certaines conditions d’obtenir une équivalence au certificat d’Auxiliaire de santé Croix-Rouge. Ainsi une personne qui aurait une qualification et une expérience en tant qu’aide-soignante dans un autre pays pourrait envisager de se positionner directement sur le marché du travail à Genève sans refaire une formation Auxiliaire de santé. Cette voie mérite donc d’être explorée avant d’envisager un nouveau projet de formation.

3ème cas : La personne a déjà une expérience professionnelle, dont une expérience récente dans le domaine des soins : Elle peut alors envisager de faire Reconnaître ses Acquis avec le dispositif Certification Professionnelle pour Adultes de l’Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC) pour se former en tant qu’ASA ou ASSC[11]. Faire reconnaitre ses acquis, cela veut dire valoriser son expérience passée et faire reconnaitre les compétences développées au cours de cette expérience pour pouvoir se former en tant qu’adulte sur une durée plus courte que l’apprentissage, et passer ensuite l’examen. A noter qu’il ne faut pas confondre la reconnaissance des acquis avec la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) qui prévoit de faire reconnaitre et valider tout ou partie des compétences du diplôme en réalisant un dossier portfolio de compétences.

Il y a plusieurs conditions pour pouvoir présenter un dossier dans le cadre de ce dispositif[12]. Si l’accès à cette voie de qualification pour adultes par la reconnaissance des acquis est validé, la formation, financée intégralement par l’État de Genève, se déroule à l’ORTRA santé social, pendant 10 mois, à temps partiel (2 jours par semaine), ce qui permet d’être en emploi en parallèle pour continuer à acquérir de l’expérience.

Nous attirons l’attention sur le fait que l’accès à cette voie de qualification n’est pas systématique. Le dossier est étudié au cas par cas, et la réponse pourra dépendre de différents facteurs, dont le niveau de français, la nature et l’antériorité de l’expérience, la motivation et la connaissance du métier, etc. Dans le cadre des consultations professionnelles à F-information, nous pouvons accompagner la préparation de ce dossier.

Un exemple de parcours

Nous souhaitons donner ici l’exemple d’une personne qui s’est formée en tant qu’aide-soignante en Algérie pendant 3 ans, en complétant sa formation par des stages dans plusieurs services de santé. Pour accroitre son employabilité à Genève, elle a suivi une formation d’Auxiliaire de santé et réalisé un stage à temps plein d’1 mois en EMS pour faire valoir une première expérience à Genève. Grâce à ce stage où elle a démontré sa motivation, son implication et son savoir-être, elle a obtenu un emploi d’aide-soignante non qualifiée dans ce même EMS, en CDD à 50%. Elle souhaite pouvoir évoluer sur un poste à 80% dès que possible. Lorsqu’elle aura acquis 2 ans d’expérience à Genève, elle pourra faire reconnaitre ses acquis dans le cadre du dispositif Certification Professionnelle pour Adultes pour se former en tant qu’ASSC et se qualifier avec un CFC.

Pour conclure, nous dirons qu’il est important de prendre le temps de se renseigner pour préparer son projet, valider le choix de cette orientation professionnelle, prendre des cours complémentaires en français et en informatique, s’assurer de sa disponibilité et anticiper une organisation personnelle adaptée. Il faut aussi étudier la voie d’accès la plus appropriée en fonction de sa situation, de son expérience, de ses qualifications, des moyens financiers à disposition. Un accompagnement dans cette réflexion sur ces différents points peut être proposé dans le cadre des consultations professionnelles à F-information.

Sources d’information

Remarque : Les sources d’informations ci-dessous ne sont pas forcément exhaustives. Nous vous invitons à prendre un RDV pour une consultation professionnelle à F-information pour des questions de clarifications ou un accompagnement à la réflexion sur votre projet professionnel ou projet de formation.

Sites web :

Fiche métier Aide en Soins et Accompagnement  

Fiche métier Auxiliaire de santé 

Formation Auxiliaire de santé Croix-Rouge Genève 

Formation Auxiliaire d’accompagnement de la FEGEMS

Dispositif INASA pour les bénéficiaires de l’Hospice Général

Dispositif Certification Professionnelle pour Adultes ^

Sefri et Croix-Rouge Suisse pour la reconnaissance des diplômes étrangers

Association Voie-F pour les cours d’informatique

 

Centres d’information sur place :

Centre 28, Ortra santé social (28 rue des Charmilles)

Cité des métiers du Grand Genève (Plainpalais, 6 rue Prévost Martin)

Cité des métiers Centre associé d’Onex (2 rue des Evaux, Onex)

Cité des métiers Centre associé de Meyrin (2 bis rue de la Prulay, Meyrin)

F-information (67 rue de la Servette)

 

Notes

[1] AFP: Attestation Fédérale de Formation Professionnelle, diplôme fédéral de niveau secondaire II.
[2] FEGEMS: Fédération Genevoise des EMS.
[3] ASSC: Assistante en Soins et Santé Communautaire, CFC (Certificat Fédéral de Capacités), diplôme fédéral de niveau secondaire II.
[4] Le niveau B1 oral et B1 écrit correspond aux exigences de la Croix-Rouge pour entrer en formation Auxiliaire de santé, et cela correspond également souvent aux attentes spécifiées sur les offres d’emploi.
[5] Un entretien d’information consiste à solliciter une rencontre avec une professionnelle et à lui poser quelques questions sur son métier et son environnement de travail. C’est une démarche intéressante pour ajuster sa représentation du métier, renforcer sa motivation, et développer son réseau.
[6] Réaliser un stage d’observation de 10 jours est une condition pour entrer dans le dispositif INASA décrit en 3e partie.
[7] La moyenne d’âge des personnes qui entrent en apprentissage est de 18 ans et la plupart finissent leur formation entre 20 et 25 ans. Le salaire en tant qu’apprentie ASA pour 2024-2025 est de CHF 800.- la 1ere année, 1010.- la 2e année ; les salaires en vigueur pour les apprentis sont disponibles sur le site ge.ch
[8] Dans le dispositif INASA, les personnes ont un contrat de travail EdS (Emploi de Solidarité, subventionné par l’Etat de Genève).
[9] Le certificat Auxiliaire de santé de la Croix-Rouge de Genève n’est pas un diplôme fédéral, mais il est reconnu par la Croix-Rouge Suisse au niveau national ; une personne qui a un certificat Auxiliaire de santé Croix-Rouge Genève peut donc postuler dans d’autres cantons, mais il peut lui être éventuellement demandé des compléments de formation.
[10] Secrétariat d’État à la Formation, à la Recherche et à l’Innovation
[11] Légalement, c’est l’article 32 OFpr (Ordonnance sur la formation professionnelle) qui prévoit cette voie de qualification.
[12] Pour le dispositif Certification Professionnelle pour Adultes de l’OFPC, la première condition légale est d’être domiciliée sur le canton de Genève depuis au minimum 1 an. La seconde condition porte sur la durée d’expérience : il faut avoir une expérience totale minimum de 5 ans, dont 2 ans à 80% dans le domaine des soins (y compris les soins à domicile). Une troisième condition concerne le niveau en français. Pour se former sur une AFP ASA, l’exigence officielle est d’avoir un niveau minimum B1 oral, A2 écrit ; dans les faits, nous recommandons un niveau B1 oral et B1 écrit.